Dans le panthéon des légendes du hip hop underground, un nom se démarque comme une véritable énigme : MF DOOM. Maître des mots, producteur prodigieux et figure énigmatique, l’impact indéniable de DOOM sur la culture continue d’être ressenti longtemps après sa disparition prématurée en 2020.
Connu pour ses innombrables personnalités, son jeu de mots complexe et son engagement inlassable à repousser les limites, l’immense MF DOOM, aujourd’hui disparu, laisse derrière lui un trésor pour les amateurs de hip-hop en quête d’un voyage labyrinthique à travers un génie lyrique, une maîtrise de la production et des études de personnages captivantes.
L’histoire de la carrière de MF DOOM est une histoire de triomphe, de tragédie et de réinvention artistique. Né Daniel Dumile, DOOM a commencé son parcours dans le monde du rap en tant que Zev Love X, membre du groupe influent KMD. Aux côtés de son frère DJ Subroc, KMD a su se tailler une place avec des paroles engagées et un style de production novateur. Cependant, suite à la tragique disparition de Subroc et à la dissolution subséquente de KMD, Dumile a disparu des yeux du public, pour réapparaître des années plus tard sous le masque du vilain que nous connaissons maintenant sous le nom de MF DOOM.
Tout au long de sa carrière légendaire, le rappeur-producteur originaire de Londres a adopté divers pseudonymes, chacun étant imprégné de sa propre personnalité et de son propre son distinct. Du sinistre King Geedorah au rusé Viktor Vaughn, ces personnages ont permis à DOOM d’explorer différentes facettes de sa créativité, repoussant constamment les limites de ce que le hip-hop pouvait être. Cette nature changeante a donné lieu à une discographie diversifiée qui transcende les conventions traditionnelles des genres, rendant difficile de définir le son de DOOM à un style spécifique.
De son premier album en 1999, Operation: Doomsday, à l’album révolutionnaire Madvillainy, nous classons ici tous les albums de MF DOOM, du moins bon au meilleur.
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15. NehruvianDoom (with Bishop Nehru as NEHRUVIANDOOM)

Publié le 7 octobre 2014.
Étiquette : Lex Records
En 2012, Masta Ace sortit Son of Yvonne, un disque soigneusement produit où le MC des années 80 rappe exclusivement sur d’anciens beats de DOOM. Deux ans plus tard, le jeune talent Bishop Nehru bénéficie du même traitement pour NEHRUVIANDOOM, mais les résultats ne sont pas aussi impressionnants. D’une durée décevante de trente et une minutes, la brièveté du projet ne serait pas un problème si Bishop Nehru avait une présence plus marquante au micro. À sa décharge, le jeune MC n’avait que seize ans à l’époque, mais sa livraison peu enthousiaste et ses rimes basiques ne tiennent pas la comparaison avec le talent de DOOM. Avec des beats recyclés de la série Special Herbs de DOOM et le super-vilain absent pour la plupart des titres, NEHRUVIANDOOM est loin d’être la collaboration intemporelle qu’elle aurait pu être.
14. Key to the Kuffs (with Jneiro Jarel as JJ DOOM)

Publié le : 20 août 2012
Étiquette : Lex Records
La clé des Kuffs se distingue de manière négative dans le catalogue de DOOM. Même si les paroles du super-vilain peuvent être réussies ou ratées, les moments forts capturent toujours la même capacité divine de rimer qui a fait de lui une légende. Là où l’album souffre le plus, c’est dans sa production. Rempli de basses crépitantes et de synthétiseurs forts, le style de Jneiro sonne comme du hip-hop de l’année 3000. Pris séparément, les instrumentaux sont vibrants et énergiques, mais ils donnent l’impression que la livraison détendue de DOOM est déplacée. Le super-vilain ne suit pas les rythmes – on a l’impression qu’il se bat constamment pour être entendu. Au lieu de se compléter mutuellement, La clé des Kuffs est une collaboration où le duo se rend réciproquement pire.
13. Super What? (with Czarface)

Publié le 7 mai 2021.
Âge d’argent
Agissant comme la suite du cours de maître en rimes Czarface Meets Metal Face, et avec des apparitions de pionniers du rap tels que DMC et Del the Funky Homosapien, Super What? montrait beaucoup de promesses. Cependant, comme de nombreux suites, il était trop beau pour être vrai, et l’album est terne par rapport à son prédécesseur. Les rythmes nets et colorés de 7L ont toujours de l’impact, et les MC de Czarface sont aussi animés que jamais, mais DOOM donne l’impression d’avoir été ajouté après coup. Trente ans dans le milieu, sa livraison habile et ses rimes pleines d’esprit ne sont plus aussi percutantes qu’autrefois. Dire que c’est mauvais serait exagéré, mais cela est bien loin de ses meilleures œuvres.
12. VV:2 (as Viktor Vaughn)

Publié le 3 août 2004.
Étiquette : Insomniac, Inc.
Le meilleur mot pour décrire VV:2 serait incohérent, et ce n’est pas surprenant étant donné que DOOM a choisi les producteurs du projet au hasard d’une tombola. Certains beats semblent avoir été arrachés directement du classique Vaudeville Villain, tandis que d’autres donnent l’impression de bootlegs bon marché. Malgré la liste des titres inégale, VV:2 est sorti à l’époque où le super-vilain était à son apogée, donc bien sûr ses paroles sont assez percutantes pour couper à travers le métal. En plus des couplets chargés en rimes de DOOM, il est rejoint par tout un groupe d’invités, de Kool Keith à Manchild, qui ajoutent chacun leur propre saveur unique. Toutes les collaborations ne fonctionnent pas, et quelques rappeurs s’attardent un peu trop, mais l’approvisionnement sans fin de couplets impeccablement écrits par DOOM rend ce projet incohérent digne d’être écouté à chaque fois.
11. Special Herbs + Spices Volume 1 (with MF Grimm)

Publié : 11 mai 2004
Étiquette : Jour Après Jour Divertissement
Métal Fingers avec les beats, DOOM était aussi redoutable en tant que producteur qu’en tant que MC. Il a démontré sa brillance en matière de création de beats sur la série Special Herbs, mais sans un rappeur pour les conquérir, ce n’était tout simplement pas pareil. Puis est arrivé Special Herbs + Spices : une série de beats beurrés de DOOM, avec MF Grimm prenant le micro et dominant avec son bravoure à voix basse. Contrairement à NEHRUVIANDOOM où les compétences amateurs de Nehru ont fait que de nombreux beats semblaient gaspillés, MF Grimm détruit chaque instrumental avec chaque mesure, comme un coup de poing au visage. Cependant, ses rimes ne peuvent pas être comparées à celles du super-vilain, et sans cette profondeur lyrique, Herbs + Spices n’a pas la même valeur de réécoute que les œuvres les plus fines de DOOM.
10. Mr. Hood (as Zev Love X with KMD)

Publié le 14 mai 1991
Label: Elektra Records
Ne vous méprenez pas – bien que DOOM était un débutant lorsque Mr. Hood est sorti, il ne sonnait pas comme tel, rappant aussi vite que les tirs d’une mitraillette, avec des répliques pleines d’esprit illimitées en guise de munitions lyriques. Rebondissant avec Subroc et Onyx sur une assiette de beats de jazz estivaux, Mr. Hood possède cette même énergie insouciante qui rendait les Native Tongues si agréables. Mais c’est exactement là que le projet souffre le plus : son manque d’originalité. Les beats feront bouger la tête de n’importe qui et les refrains entraînants feront chanter toute une foule, mais avec un son si dérivé de A Tribe Called Quest, Mr. Hood manque de cette créativité qui rendait DOOM unique en son genre.
9. Czarface Meets Metal Face (with Czarface)

Publié le 30 mars 2018.
Étiquette : Plongez dans l’action, Ère d’Argent
Après quatre ans de clandestinité, le super-vilain réapparut pour s’allier avec son compagnon anti-héros du hip-hop, Czarface. DOOM s’adapte parfaitement au trio, comme si cela avait toujours été un quatuor secret. En passant le micro entre Metal Face, Esoteric et Inspectah Deck, les trois MC transforment chaque morceau en un véritable massacre lyrique, anéantissant les beats caricaturaux fournis par 7L. Par moments, DOOM paraît un peu fatigué et ne coule pas avec la même finesse que ses comparses, mais ses schémas de rimes complexes et son jeu de mots sans effort lui donnent toujours l’avantage lyrique. Bien que l’album soit constamment de qualité, il manque néanmoins des morceaux phares, ce qui place Czarface Meets Metal Face un cran en dessous des classiques du super-vilain.
8. Black Bastards (as Zev Love X with KMD)

Publié le 15 mai 2000
Prêt à tout épreuve, Visage de Métal
Sur Black Bastards, l’équipage de KMD commençait enfin à affiner leur propre style sinistre de jazz rap pour mettre fin aux allégations de plagiat. Presque en criant dans le micro, chaque morceau se joue comme une intense dispute où chaque MC essaie de crier plus fort que l’autre. Même les beats sont une amélioration par rapport à Mr. Hood, avec le style dérivé et estival de leur premier album remplacé par un mélange menaçant de basses sismiques et de percussions percutantes. Une amélioration à tous les niveaux, il n’y a aucun débat que Black Bastards est la suite parfaite de Mr. Hood. Cependant, comparé au matériel solo du super-vilain, la plume et le flow de Zev Love X ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec le talent lyrique de MF DOOM.
7. The Mouse and the Mask (with Danger Mouse as DANGERDOOM)

Publié le 10 octobre 2005
Étiquette : Lex, Epitaph, Metalface Records
De toutes les collaborations étranges que DOOM a eues au fil des ans, un enregistrement avec Adult Swim et Danger Mouse pourrait être la plus étrange. Un album centré sur les personnages de dessins animés des émissions de télévision d’Adult Swim semblait être une recette pour le désastre, mais avec les rimes densément emballées et caractéristiques de Metal Face, il glisse sur les rythmes orchestraux de Danger Mouse, s’intégrant parfaitement au côté caricatural du projet. Sur le plan lyrique et instrumental, The Mouse and the Mask a toutes les qualités d’un parfait album de DOOM, mais les sketches distrayants lui font défaut. Divers personnages d’Adult Swim prennent le micro pour ajouter de la saveur comique à l’album, mais avec leurs voix irritantes et leurs blagues monotones, ils nuisent à la valeur de rejouabilité de l’album.
6. BORN LIKE THIS (as DOOM)

Publié le 24 mars 2009.
Étiquette: Lex
D’ici 2009, Dumile avait joué le super-vilain pendant une décennie entière, mais ce n’est qu’avec BORN LIKE THIS qu’il sonnait vraiment maléfique. En réunissant une armée de méchants, de Ghostface Killah à Posdnuos, l’album est un déferlement étoilé de moments forts, mais aucun MC ne se rapproche de DOOM lui-même. De “That’s That” à “Gazzillion Ear”, presque chaque chanson est une leçon de maître de l’art des rimes. Les beats ne sont pas aussi mémorables que ses travaux précédents, mais les joyaux lyriques incessants de Metal Face compensent largement. Ce qui fait défaut à l’album, c’est sa fin : après une interlude de Freddie Foxxx et une piste instrumentale, il se termine soudainement, mettant fin au dernier album solo décevant de DOOM.
5. Operation: Doomsday

Publié le 19 octobre 1999.
Étiquette: Caresser ‘Em
Avec un style au stylo plus tranchant qu’une guillotine et des flows ultra-rapides, Dumile est revenu sur le devant de la scène après six ans comme s’il n’était jamais parti. Si vous avez déjà pensé que le style de DOOM était ennuyeux, n’importe quel morceau de l’album Operation: Doomsday vous prouvera le contraire. De la finesse empreinte de synthé de “Rhymes Like Dimes” à l’hypnotique “Tick, Tick” avec ses changements de tempo constants, chaque chanson regorge d’idées ambitieuses que peu de MCs pourraient réussir. Cependant, même si le premier album est aussi soigné que Operation: Doomsday, il présente des problèmes. La virtuosité lyrique de DOOM est indéniable, mais lorsque sa voix est parfois mixée si mal qu’il se noie dans la musique, il est plus difficile d’apprécier. Les problèmes sont mineurs, mais suffisants pour empêcher le projet de se classer plus haut.
4. Take Me to Your Leader (as King Geedorah)

Publié le 17 juin 2003
Étiquette : Big Dada
DOOM était un monstre au micro dès le départ, mais en 2003, il a décidé de passer à un autre niveau en rappant sous le personnage du dragon à trois têtes – King Geedorah. En adoptant un personnage aussi ambitieux, on pourrait s’attendre à ce qu’il domine le micro avec une présence monstrueuse, mais au lieu de cela, il a laissé sa place à sa ligue de sbires pour diriger le studio. Que ce soit Mr Fantastik ou Hassan Chop, aucun invité ne déçoit, mais l’absence de DOOM laisse quelques titres un peu inachevés. En se concentrant sur les beats, les lignes de basse entraînantes et les échantillons habilement coupés font de ce projet l’un des mieux produits de DOOM, mais davantage de précision lyrique de la part du super-vilain aurait élevé l’album à la perfection.
3. MM…FOOD

Publié le 16 novembre 2004.
Rhymesayers: Étiquette Rhymesayers
Comment faites-vous suite à un projet aussi légendaire que Madvillainy ? La réponse du super-vilain a été de concocter un album entièrement dédié à la nourriture, présentant un plateau de rimes avec le jeu de mots le plus complexe qu’il ait jamais écrit. Rappant sur tout, de la romance aux querelles de rap, DOOM a tout ramené au thème de la nourriture, prouvant son immense talent lyrique avec un album entièrement basé sur des métaphores alimentaires. Mais MM…FOOD est bien plus que des rimes – en découpant des échantillons et en les mélangeant avec le polissage caractéristique de DOOM, chaque beat possède cette douceur beurrée qui rend le style de Dumile si spécial. Les quatre interludes consécutifs au milieu de l’album pourraient être considérés comme excessifs, mais sinon, MM…FOOD est un chef-d’œuvre certifié.
2. Vaudeville Villain (as Viktor Vaughn)

Publié le : 16 septembre 2003
Sound-Ink Records, Traffic Entertainment Group: Label de musique Sound-Ink, Groupe de divertissement Traffic.
DOOM a sa juste part de classiques, mais Vaudeville Villain ne reçoit que rarement les éloges qu’il mérite. Invitant une bande d’invités pour produire, Dumile a concentré toute son attention sur sa plume, et ça se voit. Le récit de Viktor Vaughn est si vivant que vous vous sentez comme un témoin de ses crimes, le regardant dépouiller les innocents avec un micro en main. Les beats froids et brutaux sont comme la bande sonore des ruelles sombres de New York, donnant à l’ensemble de l’album une atmosphère sinistre qui vous plonge encore plus dans les récits violents de Viktor. Vaudeville Villain n’est pas aussi excentrique que les autres projets de DOOM, mais avec un paysage sonore menaçant et des histoires magnifiquement travaillées, c’est le meilleur album concept dans le catalogue de Dumile.
1. Madvillainy (with Madlib as Madvillain)

Publié le 23 mars 2004.
Stones Throw: Lancer de Pierres
Où d’autre pourrait-il se classer autrement qu’en première place ? À côté d’Illmatic et Paid In Full, Madvillainy fait partie des albums de hip-hop les plus influents jamais réalisés. Il a engendré une génération de MC qui l’adorent comme le Graal du rap, et pour de bonnes raisons, car la musique est tout simplement parfaite. Le style sombre et cru de Madlib vous plongera dans une transe, en échantillonnant une multitude d’albums d’une boutique de disques. Les rimes de DOOM sont tout aussi complexes, se couronnant lui-même roi du jeu de mots avec une réserve inépuisable de punchlines spirituelles et de double sens. De l’emblématique “Accordion” au déluge déconcertant de rimes de “Rhinestone Cowboy”, Madvillainy regorge de prétendants au titre de verset du siècle. À tous égards, c’est l’album parfait de MF DOOM.