Des rues torrides d’Atlanta aux confins lointains du cosmos, OutKast a passé près de trois décennies à pulvériser les limites des genres et à redéfinir les possibilités du hip-hop.
Au début des années 1990, la scène hip-hop était dominée par des artistes de la côte Est et de la côte Ouest, tandis que les contributions du Sud à ce genre étaient largement négligées. C’est dans ce contexte qu’une rencontre fortuite entre deux adolescents de seize ans, André Benjamin et Antwan Patton, dans le centre commercial Lenox Square d’Atlanta en 1992, allait changer à jamais le visage du hip-hop du Sud. Ces deux jeunes ambitieux, animés d’une passion commune pour la musique, allaient former le duo légendaire connu sous le nom d’OutKast.
De leur début funky Southernplayalisticadillacmuzik à leur exploration du cosmos sur ATLiens, nous classons chaque album d’OutKast, du moins bon au meilleur.
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Idlewild
Publié le 22 août 2006
LaFace, Zomba
Comme tout grand groupe de hip-hop, il serait très difficile de dire qu’OutKast a un “mauvais” album. Cependant, dans un catalogue qui compte plusieurs classiques, il est clair que cet album ne répond tout simplement pas à leurs normes. Idlewild, sorti le 22 août 2006, marqua le sixième et dernier album studio du duo d’Atlanta, servant de bande originale au film musical du même nom. Bien que l’album mettait en valeur la polyvalence d’OutKast grâce à son incorporation de différents styles musicaux tels que le jazz, le blues, le swing et la soul, le manque de cohésion sonore et la structure thématique lâche ont mené à une réception mitigée. Malgré ses lacunes, Idlewild présente une collection de pistes remarquables qui illustrent la fusion unique des styles d’OutKast. “Morris Brown” avec ses influences de fanfare, “Idlewild Blues” au ton bluesy et “The Train” inspiré de Southernplayalisticadillacmuzik sont juste quelques exemples du génie créatif du duo sur cet album.
Speakerboxxx/The Love Below
Publié le 23 septembre 2003.
Label : LaFace, Arista
Il est ironique que l’album le plus vendu de tous les temps d’OutKast soit également leur plus déconnecté. Je veux dire, le duo a littéralement des projets solo distincts dans ce double album. En tant que ventures créatives individuelles, Speakerboxxx / The Love Below met en valeur la brillance individuelle et les styles artistiques distincts de chaque membre. Speakerboxxx de Big Boi propose un mélange puissant de hip-hop sudiste et d’influences P-Funk, tandis que The Love Below d’André 3000 est un kaléidoscope d’éléments psychédéliques, pop, funk, électro et jazz. Cette approche a payé sur le plan commercial, donnant certains des plus grands succès du catalogue d’OutKast comme “Hey Ya!”, “Roses” et “The Way You Move.”
ATLiens
Publié le 27 août 1996.
LaFace, Arista
Lorsque la poussière funky se fut dissipée après le premier album révolutionnaire d’OutKast, Southernplayalisticadillacmuzik, le monde du hip-hop attendait avec impatience ce que André 3000 et Big Boi allaient apporter ensuite. L’anticipation était palpable et le duo d’Atlanta ne déçut pas. Le 27 août 1996, ils sortirent ATLiens, une odyssée renversante et transcendant les genres, emmenant les auditeurs dans un voyage sauvage au cœur du Sud et au-delà. Creuset de créativité, OutKast enregistra ATLiens dans différents studios à Atlanta et même à New York, se réunissant à nouveau avec Organized Noize pour créer une fusion cosmique de dub, de gospel, de soul et de hip-hop.
De manière lyrique, leur deuxième album a mis en valeur la croissance d’André et de Big Boi en tant qu’artistes, tissant des récits de luttes urbaines, de méditations existentielles, et même de rencontres rapprochées avec des extraterrestres. Le titre de l’album, un astucieux mélange entre “ATL” (Atlanta) et “aliens”, représentait leur sentiment d’être des outsiders dans un paysage du hip-hop qui ignorait souvent les contributions du Sud à la culture. De la langueur sensuelle de “Jazzy Belle” à la pureté lyrique de “Elevators (Me & You)” et à la vulnérabilité brute de “13th Floor/Growing Old”, ATLiens a solidifié la place d’OutKast dans le panthéon des légendes du rap du Sud.
Stankonia
Date de sortie : 31 octobre 2000
LaFace, Arista
Enregistré dans leur nouveau repaire créatif, Stankonia Studios, le quatrième album d’OutKast a permis au duo de plonger tête baissée dans un terrain de jeu sonore, mêlant funk, rave, psychédélisme, gospel, rock et hip-hop Dirty South dans une concoction épatante et enivrante. Nourris par leur curiosité insatiable et leur soif d’expérimentation, André 3000 et Big Boi ont repoussé les limites de leur art et brisé les idées préconçues de ce que le hip-hop pouvait être. Alors qu’André intégrait des styles vocaux plus mélodiques dans la trame de leur son, il a lancé un défi à la fois à son partenaire et à leurs collaborateurs pour qu’ils embrassent l’inhabituel.
Le résultat fut un album abordant un vaste éventail de sujets, incluant la sexualité, la politique, la misogynie, la culture afro-américaine, la parentalité et l’introspection, le tout enveloppé dans le charisme et l’esprit typiquement sudistes du duo. Les singles de l’album – l’électrisant “B.O.B”, le poignant “Ms. Jackson” et l’irrésistiblement élégant “So Fresh, So Clean” – catapultèrent le duo au statut de superstar, avec “Ms. Jackson” devenant leur premier numéro un au classement Billboard Hot 100.
Southernplayalisticadillacmuzik
Publié le 26 avril 1994.
LaFace, Arista
En 1992, au cœur du tumultueux centre commercial Lenox Square d’Atlanta, deux adolescents de seize ans nommés André Benjamin et Antwan Patton firent la découverte d’une amitié qui allait bouleverser le hip-hop à jamais. Ces jeunes ambitieux, aux yeux pétillants, originaires du quartier East Point d’Atlanta, ne se doutaient pas qu’ils allaient redessiner tout le paysage du hip-hop du Sud. Après avoir envisagé des noms tels que “2 Shades Deep” et “The Misfits”, ils finirent par choisir “OutKast” et attirèrent l’attention de Rico Wade lorsqu’ils improvisèrent sur le morceau “Scenario” d’A Tribe Called Quest devant ce membre d’Organized Noize.
Débarquant sur la scène avec leur premier single, “Player’s Ball”, en 1993, OutKast a rapidement fait sensation, atteignant la première place des classements Billboard Hot Rap Tracks et R&B. André et Big Boi étaient des MCs du Sud sans compromis, crachant des rimes qui mêlaient les réalités crues des styles de vie des proxénètes et des gangsters avec des commentaires politiquement chargés sur la vie à Atlanta, en Géorgie. L’approche audacieuse du duo leur a valu le titre de Meilleur nouveau groupe de rap aux Source Awards 1995. C’est là qu’André est monté sur scène en proclamant avec défiance : “Le Sud a quelque chose à dire”, et, oh mon Dieu, il avait raison.
Aquemini
Publié le 29 septembre 1998.
LaFace, Arista
Le troisième album d’OutKast, Aquemini, est une odyssée inoubliable qui unit les personnalités distinctes et les signes astrologiques du duo d’Atlanta : Aquarius (Big Boi) et Gemini (André 3000). Le titre de l’album, un mot-valise des signes du zodiaque respectifs, encapsule parfaitement l’essence de cet enregistrement éclectique et transformateur, qui met en valeur la croissance et l’évolution artistique du duo. Aquemini développe les thèmes cosmiques et les sons futuristes de leur précédent album, ATLiens, en incorporant une instrumentation live et en infusant des éléments de funk des années 1970, de soul sudiste, de gospel, de country, de rock psychédélique et plus encore.
Enregistré principalement dans les studios d’enregistrement Bosstown de Bobby Brown et les studios Doppler à Atlanta, en Géorgie, l’album est un creuset d’influences diverses, avec une distribution rotative de musiciens de session talentueux et des apparitions d’artistes tels que Raekwon, George Clinton et Erykah Badu. Les thèmes lyriques de l’album sont tout aussi variés, explorant l’individualité, la nature humaine, la dépendance, les luttes auto-infligées, la technologie, les relations interpersonnelles et entrelaçant des éléments de science-fiction et de récits urbains.
S’appuyant sur les bases posées par leur premier album et leurs efforts consécutifs, Aquemini est un témoignage de la croissance artistique d’OutKast et de leur capacité à s’adapter et à évoluer. L’album met en valeur l’adoption par André 3000 d’un style plus flamboyant, influencé en partie par sa relation avec la chanteuse de neo-soul Erykah Badu, tandis que Big Boi continuait de peaufiner son art, créant des refrains entraînants qui deviendraient synonymes du son du duo. Aquemini n’est pas seulement le meilleur album d’OutKast de tous les temps, c’est aussi sans doute le meilleur album de rap du Sud jamais réalisé.
